carnival of rust. (saël&blanche)

It's all a game, avoiding failure, when true colors will bleed ✥✥✥ Y’a cet orage, ce tonnerre qui gronde au creux de son ventre, masqué par la fine robe de dentelle qui recouvre sa peau, joyaux d’une soirée prisée. La cascade de ses cheveux auburn qui masque la petite flèche d’argent finement ciselé accroché à son oreille, marque incomparable qu’elle fait partie des traqueurs de l’ombre. Soirée dansante, soirée des apparences. Ca scintille, ça brille de partout, vous en mettant plein les yeux, pour en réalité si peu. La petite Desanges ça l’agace cette mascarade, mais elle fait bonne figure, comme toujours. Elle s’imprègne d’une société à laquelle elle se sent parfaitement étrangère, mentant effrontément sur son sang d’abord, mais aussi sur son statut. Car qui dans ce bas monde voudrait bien d’une simple humaine, dénuée de pouvoirs. Ce pouvoir qui en assoiffe plus d’un. Peut-être que Blanche c’est la moins pourrie de ces gens, peut-être qu’elle est une peu froide, dure avec les autres, associable, mais que derrière ce bout de gamine se cache une âme insoumise, sans l’ombre d’un vice.

Elle brave la foule des buveurs de champagne, des embrassades hypocrites, elle brave les regards qui la détaillent de haut en bas, cherchant le moindre faux pas dans sa démarche et son maintien. Mais Blanche Desanges, elle a hérité de la grâce de sa mère et sait l’user à bon escient quand il faut qu’elle y ait recourt. Elle déambule parmi les sangs purs, ces gens qu’elle compare à des vampires aux prunelles attisées par l’argent et le pouvoir. Elle se complaît parfois même à jouer d’un statut qu’elle ne possède pas. Miss Desanges se porte bien ? Elle rétorque avec un sourire si bien préparé. A merveille. Elle plonge ses lèvres dans le nectar de ces fêtes, croquant les amuse bouches qui lui tombent sous la main, riant aux mauvaises blagues de ses messieurs. Ce n’est rien qu’un jeu, une distraction pour en débusquer un. Un malin qui se cacherait parmi les inatteignables du monde. Elle guette inlassablement, sans relâche, mais jamais elle ne les débusque. Alors elle continue, sa fureur lui donnant le courage de continuer les faux semblants, une soirée encore, puis une autre.

Terminant sa coupe de champagne qu’elle dépose au coin d’une nappe, ses yeux se posent sur ce drôle de garçon qu’elle nomme communément ami – tant qu’il ignore ses véritables origines – Saël Beaumort. Ce petit sorcier arrogant qui lui donne un semblant de sourire dans ses mensonges. Ses pas l’amène vers lui, unique véritable distraction de sa soirée. « Bonsoir Saël. » Ses iris enjôleurs se posent sur le brun, parcourant ensuite la foule excitée qui s’étend sous leurs yeux.

It's all a game, avoiding failure, when true colors will bleed ✥✥✥ Mi-ange mi-démon, l’adorable Blanche aux airs d’aristocrate se fondait merveilleusement bien dans la masse de gens qui pullulait dans cette soirée mondaine. Doux sourire, empreint d’une politesse feinte jusqu’à lui en écorcher la bouche. Mais il fallait bien ça, pour ne pas risquer de faire un faux pas qui les descendrait, elle et sa famille, dans l’enfer le plus profond. Elle s’adonnait donc à se jeu de scène, exécrable mascarade uniquement dans le but de détrousser ceux qui cachaient aussi bien leur jeu qu’elle. Les loups.

Le sourire flatteur de Saël Beaumort, ses manières de gentleman qui trahissait une éducation poussée, la laissait pantoise. La véritable nature de ce garçon était indéchiffrable et ce malgré les trésors qu’employaient Blanche pour tenter d’apprivoiser le brun. « Comment se passe ta soirée ? » Blanche ne put s’empêcher de laisser échapper un rire ironique. Comment décrire la torture que cette soirée lui infligeait. « Disons que si ces escarpins ne me sciait pas tant le talon, les festivités me seraient plus agréables. » Elle détestait ce vocabulaire trop riche, trop pompeux qui la poussait à faire attention aux moindres de ses mots. Ne pas fourcher, ne pas flancher. Reste droite, la tête haute. Soit Blanche Desanges, princesse éphémère d’une soirée. Soit l’enfant bien élevé qui ne doute pas de la pureté de son sang. Soit le visage de marbre, les gestes de cristal, le maintien de fer. Et le temps de quelques heures, elle s’infligeait ce devoir. Oubliant la cracmol qu’elle était. Oubliant la tueuse qu’elle rêvait d’être.

« Et la tienne ? Tu n’es pas en compagnie d’une de ces belles demoiselles ? » Désignant l’assemblée de la salle, elle parcourut les invités présents du regard. Fioritures de robes et de costumes soignés. Un sourire méprisant s’insinua sur ses lèvres, alors qu’elle tentait de contenir ses doigts autour de la coupe de champagne que Saël venait de lui offrir. Le liquide mousseux lui brûlait la gorge. Elle détestait ça. Elle haïssait ça.

Reprenant possession de ses moyens, elle reporta son attention sur son interlocuteur, ses yeux perçants la faisant défaillir, comme si il était capable de lire en elle comme dans un livre ouvert. Saël avait quelque chose de malsain, quelque chose d’impossible à définir qui lui faisait toujours douter des véritables intentions du jeune aristocrate. C’était un jeu, invisible à l’œil nu, mais qui se jouait entre les deux jeunes gens. Un jeu de mensonges, où la vérité jamais ne triomphait.