elle déambule dans les ruelles sombres, défit la lune, défit le monde. y'a ces nuages qui semblent toucher la terre, atteindre son esprit. ces pensées sont brumeuses, elle ne sait par où commencer. alors elle observe la nuit proche et le reflet de la lune sur quelques façades abîmées. y'a ces sorciers, peu nombreux, qui s'aventurent dans la sombre ville et qui marchent en regardant droit dans le vide devant eux, tels des éclopés en manque d'action, en manque de temps. ou en manque, tout simplement. lex, elle fait parti de ceux-là aujourd'hui, enfin, elle prétend. parce qu'elle analyse, tourne aux coins des rues pour repérer, pour tout savoir, tout comprendre. elle lit sur les visages des passants leur race,
sa race, si existante. elle veut découvrir et percer le mystère de celle ville française. fouiller les entrailles, de la ville, comme des gens. parce que depuis qu'elle est devenue louve, elle n'a plus d'humanité. elle s'est envolé d'un coup sec et violent, pour s'en aller au fin fond de l'univers, là où elle ne peut pas la retrouver. et elle ne veut pas, elle est bien comme ça. elle se contente de s'allumer cigarette sur cigarette depuis quelques heures, et elle erre, avec cette certaine prudence au coin des yeux. parce qu'ils ne la connaissent pas, ici. parce qu'elle fait ses premiers pas, qui sont déjà décisifs. elle calcule, elle réfléchit, elle analyse le monde qui l'entoure.
mais si seulement ils savaient, ces enfoirés.bruit de branche à droite, pas lourds à gauche. puis une ombre derrière elle. ça fait un moment qu'il lui tourne autour, celui-là. elle pense reconnaître la silhouette tapie dans la nuit, qui s'avance de plus en plus près à chaque détour d'une ruelle peu arpentée. lex, elle le laisse faire, pensant qui va peut-être se rétracter. mais il persiste, et continue à imiter les pas légers de l'espagnole. elle a ce sourire qui commence à se dessiner sur son minois halé. et elle ralentit la cadence, le laisse presque s'approcher. créant un semblant de s'être 'jetée' dans la gueule du sorcier, sans forcément l'avoir voulu. puisqu'il ne peut voir que ses cheveux bruns éclaircis par le soleil d'un ancien pays, que son corps d'apparence fragile et frêle, mais qui néanmoins mélange les envies de folie, de son bonheur à elle, du malheur des autres.
l'enfer, c'est elle. c'est un petit oiseau de tempête, s'envolant quand bon lui semble, ne creusant jamais son nid. bravant les orages sans jamais attirer la foudre. ses ailes sont faites en plume d'acier, lourdes, mais que elle seule peut soulever.
et puis elle s'arrête. d'un coup sec, les ailes en alerte. comme son double, comme l'ombre qu'il est, il fait de même. l'hésitation plane un court instant, puis un pas. puis deux, puis trois. puis assez, pour qu'il se retrouve juste derrière lexy. son souffle intrigué, presque pressé, fait envoler quelques mèches d'une longue chevelure brune.
"bonsoir." silence. pendant quelques secondes, qui paraissent éternité. elle a compris, lex. elle sait qu'il a des doutes sur sa nature, elle devine qu'il lui est arrivé malheur, à cette pauvre âme assoiffée de vengeance. la conclusion est simple et évidente, il doit être chasseur. un cliché, quelque chose de stupide pour se sentir mieux de l'intérieur et avoir la conscience tranquille d'avoir vengé un ami, un membre d'une famille aimée.
elle se retourne progressivement. pas rapidement, pas lentement. elle va pas faire semblant. il sait sa race, il sait qui elle est. mais il a ce soupçon d'incompréhension dans son regard océan dans lequel elle vient plonger ses yeux. il doute, jeune chasseur. elle réfléchit un temps sur ce qu'elle peut répondre à cette vraie rencontre.
"bonsoir. j't'ai remarqué, tu sais. elle a cet accent prononcé qui fait danser les papilles, qui fait penser à quelque chose de plus chaud. elle hésite encore à prononcer d'avantage de paroles, mais elle s'abstient, attend sa répartie.
ce soir, elle aurait pas à faire la fragile, à faire l'incomprise. il est intelligent, elle l'est aussi. alors elle lui sourit. elle veut chambouler ses sens, faire l'intéressée. elle veut qu'il commence dès ce soir à baisser sa garde, à se laisser apprivoiser. à voir si ça va marcher.
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