(mi) ☽✡☾ tili tili bom.

L'ENFER.
« tu n'es rien tu m'entends ? rien » sa voix gronde comme le tonnerre, tonitruante. elle t'effraie, décroche des larmes de tes yeux clairs, fait serrer ton cœur d'enfant. qu'avais-tu bien pu faire au monde pour mériter un tel mépris ? quelle faute une enfant si jeune avait-il bien pu commettre ? rien, si ce n'est venir au monde. « je t'en prie, laisse la » il la regarde, comme si elle n'était rien, une aberration. ta mère, sa fille. cette fille qu'il aimait tant, qui le rendait fier. c'est l'amour qui luit fit perdre la raison, la tentation, ce sentiment d’excitation, désobéir pour une fois sans penser aux conséquences. oh elle avait apprit à aimer son mari, son époux, le père de ses enfants. mais c'était un tout autre amour qu'elle avait vécu, un amour qu'elle trainait avec elle depuis des années, aussi passionné que dangereux, qui détruit tout sur son passage lorsqu'il veut quelque chose. on ne lui pardonna pas cet affront. son père aurait pu la renier, mais on ne peut se séparer ainsi de ses semblables. la fidélité des loups, voilà bien quelque chose qui est respectée chez les ivanov. par dessus le sang, par dessus les trahissons, les loups. « tais toi ! ingrate que tu es. sois heureuse que ton époux soit resté à tes côtés et que j'accepte cette.. souillure qui te sers de fille » le feu crépite dans la cheminée de la grande pièce pourtant si froide. tout ce manoir est ainsi malgré les maigres efforts pour le protéger du temps. mais c'est comme ça que tu as toujours vécu, fille née en été, mais fille dont le cœur est en hiver. tu relèves les yeux difficilement, tu regardes cet homme devant toi. les traits tirés par le temps, les cheveux blancs, la barbe bien taillée. tiré à quatre épingles, toujours richement apprêté. « et toi, sois reconnaissante d'être née louve, tu as bien compris ? » tu aimerais courir vers ta mère, tu aimerais la serrer dans tes bras et pleurer longuement, déverser ton âme, laisser couler ta colère sans retenue. tes frères et tes sœurs ne sont pas là, tu n'as personne d'autre qu'elle pour venir te soulager quelque peu par des mots doux. mais elle ne bouge pas, ne fais pas un seul mouvement, figée comme une statue. le vieillard si sénile effraie tout ceux qu'il croise. son regard inquisiteur encore posé sur toi, tu ne flanches pas, du moins tu essaies. tu ravales ta colère et ta peine, tu prends un ton aussi neutre que possible, tu veux te cacher en construisant un mur. « oui monsieur » il quitte la pièce, ta mère sur ses talons, prête à subir des remontrances de son côté. tu ne lui en veux pas de te laisser ainsi, c'est ta mère, la seule que tu as. tu sais qu'elle t'aime, comme elle aime le reste de ses enfants, d'un amour inconditionnel. incompris par les autres, incompris par ceux qui n'ont pas donné la vie. tu serres les poings, te mords la lèvre et regardes le feu. tu vas t'endurcir, avec le temps tu vas réussir. tu te mets à marcher, vite, très vite. tu marches pour ne pas pleurer, pour penser à autre chose. bientôt tu rentreras à durmstrang et alors tu échapperas à cet enfer, bientôt tu partiras d'ici. mais seras-tu vraiment affranchie ? car après tout, il n'y a que la meute qui compte réellement et pour elle tu devras revenir car il n'y a pas de place dans le mondes pour les lycans comme vous.


LE PURGATOIRE.
et sur ces pages vierges tu couches ces mots qui te consument. de ta plume blanche tu traces ces mots douloureux d'une écriture fine et gracile. tu contes à celui qui veut bien l'entendre, celui qui prendra le temps de lire cette vie difficile. la tempête fait rage à l'extérieur, la nature a mal, elle gronde. de ton bureau ta lampe éclaire ta chambre froide, tellement froide. si triste, sinistre. le vent s'insinue dans ce vieux manoir, il claque les portes, éteint les feux et les sorts ne sont qu'inutiles. ce manoir autrefois si bien garnis, si riche. un tas de ruines, rien que poussière. là dans ce couloir où tu aimais te perdre, où tu aimais fuir, toi l’hérésie, il ne reste rien. rien qu'un trou béant et la neige qui prend pas à pas possession de l'endroit, qui vous chasse. vous les loups, les tout-puissants, les féroces qui fuient la queue entre les jambes. il n'y a nulle endroit qui vous accueillera les bras ouverts, nulle part où se réfugier. ne vous reste plus que l'errance, condamnés au vagabondage hors de votre terre natale. cette terre qui coule dans vos veines, qui vous rend fiers. fiers, vous l'êtes tous. elle cause votre perte, elle cause ta perte déjà prédite. être née différente des autres, le vilain petit canard. ton fardeau est dans ton sang, souillé, impur, inférieur. moins que rien, souillure. des mots que tu as trop de fois entendus, toi l'enfant encagée, l'adolescente perdue, la jeune femme noircie. de sang est ton péché et par lui tu t'absoudras, à chaque pleine lune en laissant sortir le monstre, la bête, et la douleur te rappellera ce que tu es. « darya, il faut partir » ton frère se tient à ta porte, grand, imposant. tu hoches la tête, ranges ta plume et ton cahier dans ton sac, ton petit sac pourtant si grand qui ne te quittera plus. tu le suis, tu laisses ta chambre derrière toi, tu ne te retournes pas. si tu te retournes, tu seras perdue. dans les couloirs froids qu'éclaire la lune, tu te rappelles. tu te rappelles de cette salle où ton frère venait te faire la lecture, de celle-là où ta sœur t'entraînais à la magie lorsque tu étais encore à durmstrang. tu dis adieu à cet endroit, adieu à ton passé. il n'y a que la fuite qui vous attend. pour combien de temps ? tu n'en as pas la moindre idée. tu sais simplement que vous ne reviendrez plus ici, plus jamais.

L'ABSOLUTION.
c'est en france que vous avez finalement décidé de vous installer. voilà bien des années que vous étiez en cavale, jamais trop longtemps au même endroit. vous ne pouviez pas vous résoudre à quitter la russie, du moins pas totalement. alors même que votre nom de famille se faisait connaitre et dénigré un peu partout, même si on vous cherchait et on vous traquait. comment les ivanov avaient-ils pu passer de ces braves gens fortunés, intimidants et pourtant respectés à de simples rejetés ? des marginaux, des pestiférés. personæ non gratæ. les longues nuits d’inconfort touchaient à leur fin, bientôt vous retrouverez un toit au-dessus de vos têtes, des repas plus réguliers, une vie, une nouvelle vie. mais vous aviez bien une autre idée en tête, un appel que vous ne pouviez ignorer, que le vieillard vous a presque forcé à suivre. saint-merlin et ses loups, ses nouveaux-loups. toujours cette foutue loyauté, loyauté qui t'agace depuis peu. depuis que tu sais qui ils sont, ce qu'ils veulent vraiment. mais le vieux loup ne sera pas éternel, voilà qu'il faiblit déjà. et si son grand dessein est de vous voir tous rejoindre cette meute, alors rebelle tu seras. car c'est l’absolution que tu recherches, et pour toi tes péchés commencent à être pardonnés depuis longtemps. et de ces cendres qui composent ton âme tu renaîtra, maeve ivanova.