BOUCHE ASSASSINE

- Piece of mind - Lycanthropie, anomalie connue d'une poignée, quelques gens, la famille surtout. Collègues ignorants d'une louve planquée dans l'ombre de leurs pas + passion des vivants, amour des animaux, elle toujours curieuse des coeurs battants, ces souffles palpitants + jamais mariée, sang pur qui échappe au système, le mariage arrangé qu'elle ne connaît. Coeur une fois brisée, une fois de trop, à l'envie de fuir ces sentiments prenants, petite princesse qui dévore l'entrejambe de quelques jolis minois, histoires éphémères + pulsions meurtrières de quelques soirs pour celle connue sous le pseudonyme de la Veuve Noire, court-elle au rythme des rues, ses mouches reliées à ses pas, éparpillées dans le dédale du vaste comté, à répandre les drogues à quelques riches mendiants + peur de la lune, de son propre fléau, même après quinze ans. Cette nature qu'elle abomine, tout comme ce jour récurrent où hurlent les montres en symphonie  + musique, furieux péché pour les notes. Des touches blanches du piano aux cordes du violon, les phalanges s'usent, s'abîment. Fièvre du son, les oreilles accro, dépendantes des jolis sons. Classique, splendeur chimérique + opium, lippes voraces des fumées nocives, jolie qui tombe lentement en ruine + formations multiples acquise, de justice à police magique, large panel pour entraîner la gorgone dans le département du mystère + l'âme d'une artiste, les scènes qu'elle ne peut s'empêcher d'élaborer aux dépouilles qui tombent à ses pieds. Décor sordide, mise en scène habile rien que pour lui + polyglotte, la facilité, la curiosité des autres langues. Quelques répandues parfaitement maîtrisées, d'autres  testées, utilisés avec parcimonie + des yeux en dérive sur les vieux bouquins, histoires qu'elle dévore la gueule béante, passé qui la rend avide, fouineuse. Besoin de plonger dans les racines, à l'aube des premiers. Parfois de transplaner jusqu'à la source, tâter la terre ancienne de la plante de ses pieds, et découvrir la biographie du monde à travers ses curieux calots.

gueule beante

let me devour your soul

Courir, une bien mauvaise idée. Fragile qui toussote, crachote et tombe au sol. Les rotules cognent contre l’herbe molle, puis les mains. Petites et tremblantes, duo peinant à maintenir la carcasse loin de la boue où patinent genoux et doigts. « Petra ! Tu ne dois pas courir, tu le sais bien ! » Père inquiet qui cavale depuis la terrasse et s’empresse de ramasser le corps à l’agonie dans ses bras. La petite chevrote, respire mal, mais soupire à l’étreinte réconfortante contre la poitrine paternelle. Chemise blanche qu’elle serre entre ses petites mains, museau niché dans le tissu, et la bouche qui halète encore quelques minutes. C'est pas grave, papa est là....

Fin du cours, les gambettes se précipitent par dizaine hors de la classe, frénésie pour quelques libertés loin des bancs. En plus des ventres affamés, résonne la cloche à midi précise. Pourtant, une seule reste encore entres les écueils, à flageoler timidement jusqu'au bureau du professeur, le même absorbé dans la mise en cage de quelques fantasques créatures montrés pendant cette heure.  « Professeur Perrault?» Homme qui sursaute à peine, habitué à cette petite voix familière en fin de cours. L'échine se plie, une paire de billes affables glissent jusqu'au visage rosissant, lèvres charnues souriantes. « Oui Petra? » Voix tendre et bienveillante, d'une douceur maintenue pour le papillon fragile toujours perdu dans ses pattes. Enfant curieux, élève favorite. « J'ai trouvé une chouette blessée près de la forêt. Aile brisée, elle ne sait plus voler. Je l'ai cachée dans la serre, vous pourriez la soigner? »murmure le tendron en se balançant sur ses deux pieds, hésitante. Regard fuyant, voguant du professeur aux monticules d'objets stockés ci et là dans la pièce.   « Bien sûr, tu peux m'y emmener? » Joie qui percute depuis la jeune bouche, l'enfant Lestrange aquiesce promptement et entraîne son professeur dans les artères sombres du château. Routine pour eux, amis des animaux.

Ronde lune hissée dans la voûte céleste, à cueillir le hurlement de ses fidèles et  apprécier le sang versé par eux-mêmes. Des cadavres offerts à diane, divins sacrifices pour l'ivoire maternel. Elle perdue à la limite de la propriété, petits pas tâtant le gazon jusqu'à la lisière. Loin derrière, le manoir bercé par les astres, silencieux, donc endormi. Elle, enfant insomniaque, errant dans la nuit, jolie insouciante. Pas loin, un grognement perce le silence, crève la quiétude diurne. Petra sursaute, jette un regard et glapit aux crocs qui s'abattent. Début du cauchemar...

« Fermez votre gueule et allez crever! » Blasphèmes auxquels s'habituent la bouche jadis pure. Injures qu'entend de plus en plus le professeur tant adulé, autrefois... Depuis sa morsure, rien n'est plus pareil. Fragile devenue robuste et qui se veut forte. Agneau devenu loup, à mordre jusqu'à ce que sanction s'ensuive. « Si tu commençais par te calmer Petra... » Impossible, la belle trop en colère, et lui trop éprouvé. Cœurs agités, noires humeurs qui se cramponnent à leurs âmes alors que s'écoulent des mois en eaux troubles. Elle qui cherche la bagarre, lui qui pare, s'énerve. Homme devenant parfois renard aux colères excessives, elle qui jubile en serrant sa victoire dans ses bras. Sentiments inavouables, le combat et les parades préférés à l'armistice des cœurs noyés. Jeunesse insouciante, désinvolte et surtout amoureuse. A sa proclamation, l'espoir qui revint. Brisé sitôt l'autre enlisé dans un mariage avec une autre. Réalité décevante, petite princesse tombant de son socle et tournant talons dans la noirceur charmante.

Années qui passent, l'enfant devenu adulte, à gravir les échelons, chalouper entre quelques métiers, pour finalement échouer dans les sous sols du Ministère. Langue de Plomb, loisir choisi au hasard, à l'envie d'une curiosité avide. Savoir ce que les autres ignorent, jouer dans l'ombre des grands, des ignorants. La belle qui, lentement, se fait un nom parmi les agents, profite du système et développer son trafic loin des pièges du régime. Quelques drogues, opium surtout, vendues aux mouches opportunistes. La Veuve Noire, seul nom pour l'identifier, impossible de remonter jusqu'à la source, d'identifier la sang pur planqué là dessous. Plus de dix années à tisser sa toile dans les méandres de la ville, à filer le train à quelques bougres gênants, salir l'écorce de mille cadavres. Loup hurlant, cœur esseulé.

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je tiens à le dire: ta plume est magnifique. J'ai tout dévoré d'un coup. J'espère que tu t'amuseras bien parmi nous.
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